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Les fées des « ré »: Nouvelle acquisition

Centre de documentation
1 septembre 2021
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Les fées des « ré »: récupérer, réaliser, remployer au musée de la Visitation.

Le tri des déchets et les éco-emballages s’imposent. L’upcycling – c’est-à-dire la création de nouveaux objets à partir d’anciens – semble être une nouveauté portée par la mode. Dans notre société dite de consommation, il est parfois difficile de se rappeler que nos aïeuls réparaient leur mobilier et reprisaient leurs vêtements. Sous les mêmes contraintes, les visitandines récupèrent également.

Mais ayant fait vœux de pauvreté, elles y mettent tout leur cœur, faisant du réemploi un véritable art. Avec des doigts de fées, elles transforment des vêtements civils, remontent des broderies ou encore créent avec des matériaux naturels : cire, papier, végétaux… Elles réutilisent aussi des matières précieuses comme des bijoux ou de la vaisselle d’argent pour des usages surprenants mais utiles à leur vie religieuse communautaire. Laissez-vous émerveiller par leur inventivité et leur bon goût….

Pour aller plus loin
Détachement et économie des ressources sont les deux principales motivations de l’existence des objets présentés.

Aux créations textiles s’ajoutent celles d’œuvres dévotionnelles, souvent dénommées « travaux de couvent ». Les visitandines fabriquent ou enrichissent des reliquaires de toutes sortes. Elles exécutent de nombreuses représentations de saints et de scènes de leur vie. Elles font preuve de la plus grande patience pour les réaliser, avec un résultat souvent admirable. Mais elles utilisent souvent des matériaux simples et peu onéreux : bois, étoffes, papier, paille, verre…

Économiser au quotidien
Si ces ouvrages sont importants en tant que supports de la vie spirituelle de la communauté, ils ne sont pas pour autant vitaux. Or, les moyens financiers d’un monastère sont souvent contraints. Les nombreuses dépenses communautaires viennent rapidement à bout des maigres recettes de la maison. Aussi, les moniales essaient en permanence d’organiser leurs activités sans « toucher à la bourse de notre chère sœur économe ». Cette image de la bourse de l’économe, même s’il s’agit de l’argent commun, est extrêmement courante dans les archives visitandines. Éviter autant que faire se peut d’y puiser de l’argent est le devoir de chaque religieuse.

Aussi chacune apporte ses capacités dans les tâches les plus diverses, et les plus étonnantes. Ainsi elles manient le rabot de menuiserie, elles charrient pierres et mortier pour construire leur monastère. On trouve même l’exemple d’une fonderie temporaire de bronze. Quand ce ne sont pas elles qui les réalisent, elles mettent tout en œuvre pour protéger les objets dont elles ont la garde. Ainsi, elles font des économies en les conservant le plus longtemps possible en parfait état. Cette responsabilité les conduit à confectionner nombres de boîtes et de housses.

Réemployer
Les héritages et les dons procurent des pièces civiles d’orfèvrerie et de joaillerie. Comme elles ne peuvent servir telles quelles en clôture, certaines sont vendues, d’autres fondues, d’autres encore transformées et christianisées. Les gemmes et même les bijoux sont employés pour parer des vases sacrés.

Avec le même attachement à leur vœu de pauvreté, les moniales conduisent d’originales reconversions. Lorsqu’ils sont ludiques, les petits objets obtenus sont destinés à être offerts à la supérieure pour sa fête, aux autres religieuses que l’on veut honorer, voire aux enfants des amis de la communauté.

Conclusion
Après des années de consommation effrénée de produits manufacturés non réparables, de nombreux groupes et autres organisations non gouvernementales prônent désormais le tri et le recyclage. Les palettes de transport deviennent des meubles de salon. L’upcycling est à la mode. Ce livre va nous permettre de découvrir à quel point les visitandines sont, depuis des siècles, en avance sur ce mouvement. Ce n’est pas une particularité de l’Ordre. Avant l’ère de la mondialisation et de la société de consommation, il était naturel de donner une seconde vie aux objets dont les coûts de fabrication étaient significatifs. À présent, force est de constater que les filles de François et de Jeanne-Françoise ont excellé dans ce domaine, au travers de matériaux modestes et de récupérations singulières.